dimanche 28 août 2011

Quel avenir pour les prisons bruxelloises ?

En janvier 2009, le Ministre de la justice, Stefaan De Clerck a présenté son Master Plan pour les prisons du Royaume. Celui-ci prévoit, entre 2012 et 2016, la suppression d'un certain nombre de prisons existantes pour les remplacer par d'autres à construire sur de nouveaux sites. Pour Bruxelles, il s'agira de construire un nouveau complexe pénitentiaire à Haren et de fermer les prisons de Saint-Gilles, Forest et, sa voisine, Berkendael.

Il semble que toute cette opération se soit décidée sans qu'il y ait eu une quelconque réflexion préalable sur l'avenir des sites ainsi délaissés. M. Picqué, en tant que Ministre-Président bruxellois, a fait part de ses craintes quant aux intentions de la Régie des Bâtiments (propriétaire des lieux): «La crainte de la Région, c'est que le fédéral semble pressé de vouloir mettre les terrains sur le marché. (…). L'administration pénitentiaire est, comme l'Etat belge, soucieuse d'avoir un certain gain de la réalisation du terrain de Saint-Gilles et Forest.» (Le Soir, 7 juin 2010). Alors, va-t-on voir se mettre en place une spéculation effrénée par l'État fédéral sur ces sites et leur dépeçage en règle par les promoteurs immobiliers?

Pourtant, il est évident que certaines prisons font partie du patrimoine remarquable de notre Région. Prenons la prison de Saint-Gilles. Elle fut construite entre 1878 et 1884 par les architectes Joseph Jonas Dumont et François Derré. Les plans s'inspirent des principes les plus modernes de l'époque (le principe du panoptique), importés d'Angleterre et des Etats-Unis par le criminologue et premier inspecteur général de l'administration pénitentiaire, Edouard Ducpétiaux. La prison de Saint-Gilles prend place dans l'aménagement général du quartier de l'Hôtel de Ville et son imposante façade de style Tudor est particulièrement remarquable, tout comme le noyau central qui commande les cinq ailes du bâtiment principal. Nous trouvons là un des ensembles pénitentiaires les mieux préservés de la fin du XIXe siècle.

La prison de Saint-Gilles au début du XXe siècle - une image encore largement d'actualité

Il semble que l'intérêt patrimonial des établissements bruxellois n'ait pas échappé à nos édiles. Ainsi Magda De Galan, Bourgmestre de Forest, a déclaré que «Il n'est en tout cas pas question de raser ni la maison d'arrêt, ni la prison pour femmes» (Le Soir, 3 février 2010). Tout en reconnaissant la valeur des biens, Charles Picqué est moins affirmatif: «Je suis aussi circonspect quant à la démolition des bâtiments actuels. Des éléments patrimoniaux sont à conserver mais pas tout.» (Le Soir, 7 juin 2010).

Pour Pétitions-Patrimoine, il convient en tout cas d'éviter les erreurs du passé où, face à de gros projets de réaménagements, les autorités publiques ont «oublié» de prendre préalablement en compte les dimensions patrimoniales des lieux et où le débat sur le patrimoine s'est fait après coup pour essayer de sauver ce qui pouvait l'être face à des promoteurs invoquant l’absence de protection légale (cfr la saga Music City à Tour et Taxis par exemple). Ici, la Région doit prendre le taureau par les cornes tant qu'il est temps et mettre en place les études et mesures de protection du patrimoine nécessaires avant que l'on vide les lieux et envisage leurs usages et réinvestissements futures.

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